Thursday, June 3, 2010

Boobook et Lawrence

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Les dernières aventures datent d’un mois… Laissez-moi vous dessiner quelques-uns des paysages traversés.

Épuisés de chercher en vain un emploi, mais pleins de nos nouvelles amitiés, nous avons quitté Melbourne pour parcourir le célèbre Great Ocean Road tant photographié. Le matin suivant, notre équipage se voit agrémenté d’un « pouceux » français qui nous secoue joyeusement les oreilles de ses expressions jamais pour nous entendues. Les magnifiques 12 Apôtres sont vus sous un ciel orageux; ces piliers qui défient la mer nous semblent plus grands que nature illuminés de gris qui devient argenté sous les passages de soleil spontanés. Ce soir-là, grand rêve réalisé : dormir dans un vieux Winnebago au décor kétaine des années ‘60! Le lendemain encore plus de vagues gigantesques qui se fracassent sur les strates de jaunes et d’ocre des falaises. Les monolithes semblent être des sentinelles postées pour protéger des trésors enfouis depuis des millénaires.

On dit au revoir à Xavier et on lui souhaite bonne chance dans sa traversée du désert sur le pouce. Nous arrivons à Adélaïde chez Anna, amie d’une amie de Melbourne qui a généreusement offert de nous héberger. Pataclan! Amitié subite. Les deux jours passés avec Max, Anna, Nico, Mia, les poulets et le jardin sont inoubliables.

Après plusieurs jours de labeur budgétaire aride dans le froid du nouvel hiver, nous partons enfin pour l’apothéose australienne : le Red Centre, le désert du milieu, le plat, plat, plat loin de toute civilisation. Le Premier Peuple a pourtant une histoire pour chaque semblant de colline, chaque rivière sèche, chaque touffe d’arbre et chaque rocher. Le continent australien est pour eux une immense carte « géophonique », si je peux me permettre de proposer un nouveau terme aux linguistes français. Les aborigènes peuvent retrouver leur chemin le long de « chemins de chansons » appris oralement. Tous les éléments du terrain sont chantés au moment même où l’on s’en approche, les chants se basant sur la vitesse de marche pour savoir combien de vers composer entre chaque relief important. J’aurais bien voulu en apprendre quelques-uns, mais cette culture millénaire est plus que farouche et l’asphalte est une voie trop rapide.

Chaque fois que je me retrouve sur les petites routes, à travers le monde, un bonheur immense m’emplit. Le naturel de l’humain à célébrer son « appartenance » est vraiment fantastique. Les motocyclistes se saluent, les voyageurs au sac à dos se disent bonjour et même, souvent, les gens coiffés de mottons comme moi se sourient. C’est la même chose sur les chemins moins fréquentés : on se sourie et on lève la main de notre volant en guise de fraternité.
Sur les routes des montagnes de roc à gravir, nous avons croisé plusieurs super héros : cyclistes parcourant des milliers de kilomètres désertiques et marcheurs prêts à escalader des falaises pour admirer la beauté de leur pays… et tous bien installés dans la soixantaine. Une bonne leçon pour nous qui nous considérions aventuriers!

Rares wallabies, kangourous surpris, émeus curieux, hiboux protecteurs, chevaux sauvages et TROUPEAUX de chameaux étaient au rendez-vous… Oui oui, ils y a 200 ans les Australiens ont fait appel aux Afghans pour construire la célèbre ligne de chemin de fer reliant Darwin à Adélaïde. Bien adaptés au désert, ces grands mous ont procréé et maintenant, on se croirait dans Lawrence d’Arabie au centre de l’Australie!

Nous avons pris le train de cette ligne et à 22 h 30, dans l’obscurité, sans lumière ni route à des milles à la ronde, une dame est descendue avec sa valise. Au milieu de NULLE PART! Un 4X4 est venu la chercher et ils ont démarré à travers les arbrisseaux. Là, je me sentais bien « Down Under ».

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