Saturday, October 2, 2010

Blancheur céleste


Il est 7hres am. Ma vessie me réveille, vous l’aurez deviné.

Il ya trois jours que nous vivons sur la plaine qui s’étend comme un tapis royal devant Aoraki, maître incontesté des hauteurs couronnées de neiges éternelles. Le roi des Alpes du Sud. Comme d’humbles serviteurs en attente d’une mission de Sa Majesté, nous avons erré sur les flancs rocheux de ses Hauts Chevaliers, découvrant la flore alpine qui abrite les kéa, seuls perroquets vivant en altitude, et surtout tremblant au son des avalanches qui rugissaient dans la vallée. Chaque jour nous découvrions l’impénétrable grandeur des montagnes mais toujours les nuages voilaient celui dont nous attendions l’audience. On appelle Aoraki « celui qui perce les nuages ». Mais comme nous le disent les histoires Maori, il choisit bien à qui il se dévoile.

J’ouvre un oeil et tout de suite la fenêtre m’appelle. Aujourd’hui est notre dernière journée au cœur des Alpes…l’audience sera-t-elle accordée? À ma grande surprise la vallée et son cercle infranchissable de glaciers et de piliers aux dents qui grincent le ciel se dévoile sous un soleil matinal timide. Des langues de nuages s’effilochent aux pieds des murs de roches et les sommets se montrent le nez un par un. Je cours à la salle de bain, résolue de sauter dans mes bottes de randonnée au retour et de retourner escalader le mont Sebastopol, qui m’attend peut-être avec une vue remarquable sur le fameux monarque.

Après avoir avalé deux tranches de pain sec (grâce à un brésilien généreux qui m’a pris en pitié, elles étaient recouvertes de Nutella) je m’enfuis à toutes jambes vers l’escalier sans fin qui grimpe vers les lacs alpins au sommet de Sebastopol. Après 1h45 de montée je suis dans les nuages. Ils sont coriaces. La vallée semble les attirer comme les éclairs au chocolat attirent monsieur Lepage. Je redescends donc vers le soleil et à mi-chemin je dois m’assoir au sol. Le voilà. Jouant à cache-cache à travers les nuages, la blancheur étincelante du plus haut sommet m’impressionne. Le triangle fier, qui semble être découpé par une épée forgée au mont Olympe, invite le recueillement. Il m’est impossible de bouger. Aoraki vient et va à travers les voiles blancs, et chaque fois il réapparaît plus majestueux. Et tout autour le cercle de montagnes gigantesques semble répondre à son appel, il me semble qu’elles se dressent plus haut, plus blanches, plus découpées sur la plaine orangée. J’ai l’impression d’entendre les milliers de kilomètres de glaciers craquer en guise d’applaudissement. Le cri du kéa me ramène à mon corps sur la roche fraîche et, en le regardant voler, mes yeux se posent sur les milliers de gouttes de rosée qui ornent les plantes robustes et élégantes des hauteurs néo-zélandaises. Elles forment un manteau d’argent sur le tapis tressé de rouges, ocres et verts de toutes sortes. Les mousses brillent. Les lichens sont étincelants. Me voilà gorgée de lumière, au milieu de l’infiniment petit et de l’infiniment grand.

Je me rappelle mes amis qui doivent m’attendre en bas. Je cours les dernières marches avec un sourire béat.

Sur la route, quelques 50 km au sortir de la vallée, nous nous sommes arrêtés au bout du lac Pukaki, grande étendue oblongue qui finit presque au pied d’Aoraki. Enfin, bien loin des nuages de la vallée, l’audience sans interruption fût accordée. Au bout du lac turquoise on pouvait voir un sommet immense, aux lignes épurées, se dresser comme pour bénir les vallées adjacentes. Un simple sourire suffit pour notre au revoir.

Il y a une semaine, nous avons pris l’avion de Christchurch à Sydney, laissant derrière un pays magique mais avec devant plein d’amis à retrouver. L’envol se fit par une journée splendide, et, juste au dessous, au milieu des montagnes millénaires, s’est dressé solennellement Aoraki, comme pour dire aurevoir et merci.

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Thursday, August 12, 2010

L’extase, puis le lavage

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J’ignore comment les kiwis peuvent vivre avec une seule paire d’yeux et demeurer sains d’esprit. Depuis que j’ai commencé à parcourir cette terre bénie, mon cœur souffre du manque de parties du corps en réserve pour tout assimiler. Un horaire à deux quarts me permettrait jour et nuit de sentir, voir, entendre, toucher, ressentir, m’émerveiller.

La beauté de la Nouvelle-Zélande dépasse tout ce que je pouvais imaginer. Ses courbes sans fin, ses gens généreux, ses champs couleur d’émeraude, ses merveilleuses fougères luxuriantes, ses vagues turquoise déferlantes, ses sources chaudes paradisiaques, ses geysers aux couleurs de l’arc-en-ciel, ses symphonies d’oiseaux ne sont que quelques uns des tapis volants qui me transportent chaque jour.

Nous avons été très occupés à nous amouracher d’Aotearoa, ce qui explique la rareté des articles sur ce blogue. Nous avons tourné tels des derviches dans un vortex de synchronicité et d’émerveillement pour ce pays.

Nous avons vagabondé dans les vents des hauts sommets, escaladé des rochers, caressé des agneaux, appris à connaître les différentes familles de moutons, traversé à bicyclette les vapeurs sulfureuses bleu vert des rives, essayé de danser la danse Maori Poi et de faire les exercices de langue des guerriers, vu du Zorb Taïwanais, goûté au fruit du kiwi, sculpté notre propre hameçon Maori dans un os de vache, passé des heures dans les musées, fait l’ascension d’une version kiwi du Mont Fuji, nous sommes émerveillés devant les marmites bouillonnantes de boue et finalement, lavé beaucoup, beaucoup de vaisselle …

Présentement, nous WWOOFons dans un centre de retraite spirituelle près du Great Lake Taupo (aussi dû pour faire éruption très bientôt). Il s’agit de notre deuxième retraite spirituelle en très peu de temps. La première, était une retraite bouddhiste dans la tradition Thich Nhat Hanh (…).

Mes amis, je dois m’arrêter un peu, car il n’y a pas de mots assez puissants pour décrire notre expérience là-bas. Je fixe mon écran et une digue d’émotions s’ouvre. Je voudrais en partager l’intensité précieuse avec chacun de vous personnellement. Je voudrais prendre vote main et vous conduire dans le jardin de Dharma Gaia, en silence, pour vous permettre d’entendre votre cœur battre à l’unisson avec les oiseaux. Pendant dix jours, nous avons approfondi la découverte de notre beauté intérieure, du monde et la lumière qui illumine les gens qui nous entourent. Nous avons regardé franchement, sans juger, les nuages plus sombres de nos cieux et nous nous sentions vraiment, vraiment bien.

Les participants à la retraite ont été inspirés par le respect et l’amour contagieux que Marc et moi éprouvons l’un pour l’autre. L’un d’eux, un charmant homme qui ressemblait à Félix Leclerc, a réalisé l’un de mes rêves les plus fous : il a improvisé une cérémonie pour nous dans la forêt tropicale luxuriante, où nous avons échangé des mots d’amour et des bracelets mala en néphrite, symboles de notre immense respect l’un pour l’autre. Wow. J’ai reçu un bouquet de fleurs mauves conçu par la ravissante Kate et y enfouissant mon visage rougissant, j’ai écouté les mots charmants prononcés par Marc devant un petit groupe de gens merveilleux, assis en demi-cercle sous la canopée. Puis, je lui ai dit, les yeux pleins d’étoiles, combien j’étais heureuse de partager ma route avec lui. Nos amis ont lu des poèmes, nous ont donné des cartes, du chocolat, des cadeaux et nous avons même reçu un bon de voyage de noces chez l’un des participants à Hamilton! Tout simplement merveilleux.

Aujourd’hui, je m’émerveille devant un minuscule oiseau en lavant la vaisselle et en mangeant du gâteau. Il a les pattes plus petites que des cure-dents et un corps rond, rond comme les yeux d’un bébé. Un autre moment d’extase dans cet endroit grandiose. Je me demande vraiment comment les Néo-Zélandais peuvent garder une routine quotidienne. Je devrai l’essayer moi-même : demain matin, je ferai du lavage.

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Saturday, July 10, 2010

Aotearoa, la « Terre du long nuage blanc »

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Haere Mai! Bienvenue à Aotearoa, Nouvelle-Zélande. Les cartographes des Pays-Bas l'ont appelée Nova-Zeelandia, en l'honneur de leur province Zeeland, qui veut aussi dire « Seeland ». Vous comprendrez donc que j'aime mieux la poésie de la Terre du long nuage blanc, Aotearoa. Les Maoris sont sûrement arrivés en été, parce que maintenant, en hiver, je l'aurais plutôt baptisée « Terre de moult nuages gris »! Il a plu beaucoup ces derniers jours mais la semaine dernière fût merveilleusement ensoleillée, truffée d'arcs-en-ciel ornant les collines du Northland.
Quelle meilleure façon de célébrer ce soleil que de partir à la pêche avec un vieux Kiwi sur la queue du poisson pêché par Maui. Je parle peut-être en dialecte incompréhensible...

Ici, les habitants du pays se donnent fièrement le titre de « Kiwis ». Cela réfère au fruit magnifiquement succulent, bien sûr, mais surtout au Kiwi, l'oiseau qui est devenu l'emblème du pays. Le Kiwi est endémique à Aotearoa et est une des rares espèces du pays ayant survécu à la déforestation. Il en reste un nombre minime mais les efforts sont là pour repeupler la colonie. Le Kiwi ne vole pas et est l'oiseau qui pond le plus gros œuf comparativement à sa taille... Il fait partie d'une famille unique en son genre qui existe depuis Gondwana, le supercontinent qui rassemblait l'Amérique du Sud, l'Afrique et l'Océanie il y a 600 millions d'années. Le fait d'avoir vécu aux côtés des dinosaures est une raison assez spectaculaire pour en faire un emblème national, même si son cri est loin d'être plaisant à l'oreille...

Alors nous sommes partis sur les flots calmes de la Bay of Island avec un vieux Kiwi plein d'horizons bleus et verts dans ses yeux sages. Sur les traces de Maui, nous avons jeté nos cannes à l'eau et avons attendu que les belles créatures sous-marines s'empêtrent malencontreusement dans les hameçons de métal (eh oui, les fameux hameçons en os de baleine ne sont plus usités, ils sont plus jolis autour du cou des Maoris ou des touristes).

Maui, comme l'île d'Hawai'i, est un demi-dieu connu de toute la Polynésie. Il semble être une star dans la mythologie de chaque île, ne laissant aucun doute sur les liens familiaux partagés, même quand les îles sont séparées de 7000 km. Ici, Maui est à l'origine d'Aotearoa; il est celui qui l'a fait apparaître...

Un jour, Maui (tout comme Marc, Barry et moi) est parti à la pêche, accompagné de ses cinq frères. Il était bien loin en mer lorsqu'il sortit son hameçon magique, qui était nul autre que la mâchoire de sa grand-mère sorcière. Même s'il était un demi-dieu et qu'il pouvait probablement choisir l'appât qu’il voulait pour pêcher son souper, il décidât d’enduire la mâchoire du sang de son propre nez. Il attachât l’hameçon dégoulinant à une grosse corde et le lançât à la mer. En deux temps trois mouvements, Maui sentit un poisson au bout de la corde et se mit à tirer. Comme moi, qui criai comme une damnée en essayant d'amener à la surface un gros Grand Daddy Hapuka de 7 lb, Maui utilisa toutes ses forces pour tirer un immense poisson hors de l'eau. Comme dans les histoires de pêche...le poisson était « si gros », « gros comme ça », « tellement gros » qu'il devint l'Île du Nord de la Nouvelle-Zélande. Je ne sais pas ce que Maui a mangé pour souper, mais grâce à ses talents de pêcheur, nous pouvons maintenant rouler sur des routes en tirebouchon entourées de collines; nous pouvons aussi partir sur les flots bordés de grottes, de falaises et de vaches qui broutent pour observer des oiseaux magnifiques et remettre à l'eau (yay, ma partie préférée d'une sortie de pêche) des poissons aux couleurs ravissantes...

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Wednesday, June 23, 2010

Amour à distance

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Ma gorge brûle délicieusement après chaque gorge de bière Bundaberg Ginger que j’avale. L’agréable liquide pétillant non alcoolisé réchauffe mon cœur pendant que je me rappelle les trois dernières semaines passes à Manly. Dieu que c’est bon! Pas de saletés artificielles, seulement du sucre de cane et beaucoup, beaucoup de gingembre... J’ai visité l’endroit où ils la fabriquent et je me sens privilégiée quand j’en bois, très « Aussie » si on peut dire...

Je crois que je me suis sentie très « Aussie » dernièrement... De revenir à son point de départ vous permet de réaliser à quel point vous aimez un pays et ses gens, qu’ils soient de vrais « blokes » et « sheilas » ou des « expats » qui ont choisi l’Australie pour s’établir. Samedi dernier, nous sommes allés pique-niquer au bord de l’océan avec notre amie Marjan (nous avons vécu avec elle à Agnes Water) et nous avons rencontré par hasard cinq autres amis. Nous nous sommes vraiment sentis comme l’une de ces journées de printemps sur la rue Wellington quand nous rencontrons tous nos meilleurs amis, sans l’avoir planifié... Je serai toujours émerveillée du pouvoir des humains de se faire de bons amis si rapidement et de transformer un nouvel endroit pour se sentir chez soi.

Je crois que c’est l’élément qui crée la dépendance des voyages: le sentiment d’être perdu et retrouvé à la fois.

Il est toujours difficile de laisser les êtres aimés derrière soi, mais l’excitation du voyage qui s’en vient et la certitude que ce sera merveilleux de revenir vers ces derniers soulage toujours la blessure. Nous sommes tombés en amour avec de merveilleux amis sur ce 2,8 % de l’immense continent que nous avons visité, et chaque adieu était plus étrange que de que j’ai vécu jusqu’à présent. J’ai toujours dit : « Nous nous reverrons sur la route » ou « Je viendrai vous voir ». Cette fois, je ne disais rien parce que je ne voulais pas dire une chose à laquelle je ne croyais pas. Donc, nous avons quitté des tas de personnes merveilleuses sachant que nous ne les reverrions peut-être jamais, à tout le moins, nous ne voyions pas de possibilité immédiate de le faire. C’est déchirant. Lundi soir, nous avons rendu visite à Julie (l’amie de Magog que j’ai vraiment connue Down Under) et son cher amoureux Martin. Nous avons pris un très bon souper, comme d’habitude, beaucoup ri, comme d’habitude et nous avons laissé nos cœurs surfer sur les vagues lisses de l’amitié. Puis, nous leur avons dit au revoir, après tout ce temps passé ensemble, ces trois dernières semaines, et c’était un vrai au revoir, même si nous n’avons pas pleuré. Étrange, n’est-ce pas? C’est à se demander comment peuvent faire les gens qui doivent laisser leur famille derrière eux...

Ne vous y trompez pas, j’éprouve présentement les sentiments les plus joyeux! Nous partons demain vers de nouvelles aventures dans un pays sauvage de montagnes gigantesques... Je suis tellement impatiente! C’est aussi un pays progressif socialiste, et j’ai l’intention de m’informer un peu plus à ce sujet. La Nouvelle-Zélande a donné le droit de vote aux femmes en 1893...wow! Le Québec a attendu jusqu’en 1940, c’est scandaleux! Les Maoris ont toujours eu droit de parole dans les affaires gouvernementales, ce qui place la Nouvelle-Zélande en tête de file dans la gestion des droits des Indigènes... Avant que je devienne trop « politisée », je devrais attendre de contre vérifier quelques faits! D’ici là Bonne St-Jean et restez au chaud pendant qu’on se les gèle!

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Sunday, June 20, 2010

On se les gèle!

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Ce matin, assise dans le divan blanc, je dégustais chacun des rayons du soleil qui réchauffaient ma peau à travers les fenêtres usées de la véranda. La jungle de plantes et les planches de surf suspendues du plafond semblaient absorber cette chaleur nouvelle avec autant de bonheur que moi : tout étincelait de milles feux sous la lumière chauffante. J’avais envie de ne jamais bouger, de rester là à me faire rôtir et arrêter le temps…

Il est à peine 15 heures et je me retrouve encore avec mon manteau, ma tuque et mon foulard à l’intérieur. Malgré mes grosses pantoufles et ma tasse de thé chaud, mon nez, mes mains et mes bras sont gelés. Les gros palmiers à trois mètres de moi dans la cour arrière semblent se moquer de mon hypothermie. Je les entends dire, comme leurs confrères humains australiens : « Voyons la Canadienne, tu devrais être habituée au froid! ».

MAIS C’EST PARCE QUE CHEZ NOUS ON A DU CHAUFFAGE, BATINSE!

Nous avons commencé à « se les geler » vers le 10 mars, ce qui veut dire l’automne quand nous vivons à l’envers du Québec. C’était alors justifiable car nous dormions dans la voiture, alors finalement presque dehors. À notre arrivée à Melbourne, nous nous sommes rendu compte qu’il était presque préférable de vivre dans une automobile que dans une maison. Ici, le sol ne gèle pas alors les gens n’ont pas de système de chauffage adéquat. C’est même pire que ça : si quelqu’un a un salaire moindre que 100 000 $ par année, il ou elle est confiné(e) à geler entre les vieux murs de sa maison. J’exagère un peu mais quand même, depuis trois mois, nous avons gelé pour une somme de jours plus grande que si l’on avait additionné toutes nos engelures du passé (et cela même en prenant compte du foyer défaillant des montagnes blanches…) Quand nous sommes arrivés à Sydney en Octobre, Julie, mon amie qui y habite, nous avait dit qu’elle venait de passer l’hiver le plus froid de sa vie. Je ne la croyais absolument pas! Voyons donc…les palmiers, les surfeurs à l’année longue. Mais elle avait bien raison!

Alors il fait beau dehors, mais nous vivons à l’intérieur bien emmitouflés, et on prépare des bouillottes pour réchauffer le lit… Mais bon, j’aime bien vivre des situations inattendues!
Nous sommes donc revenus à Manly, Sydney, et il fait bon retrouver nos amis si précieux. C’est vraiment spécial de retourner quelque part après sept mois et de s’y retrouver comme si nous n’étions jamais partis. Surtout dans un endroit où l’on n’avait passé que quelques jours! Avec ce retour à la case départ, je réalise pleinement mon adaptation australienne : je reconnais les mots, éléments du code de la route, oiseaux, aliments, habitudes des gens qui m’avaient déroutée les premiers jours (une déroute souhaitée, bien sûr) et me rend compte qu’ils sont tous devenus partie inhérente de ma vie quotidienne. Il ya juste le froid auquel je m’habitue plus lentement!

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Wednesday, June 9, 2010

Magnifique Melbourne

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Mon cœur baignait dans la nostalgie quand nous avons terminé notre aventure dans le désert. Nous venions de vivre nos dernières nuits dans l’immensité australienne. Après quelques mois ici, vous prenez pour acquis les chaînes de montagnes sans fin et le silence de la voie lactée … Vous prenez pour acquis d’être seul parmi toute cette beauté et de respirer l’air pur. Même si je suis ici depuis un bout de temps, je suis encore émerveillée de voir comment ce pays peut être inhabité. On s’attendrait à voir des villages et des gens entre deux grandes villes comme Melbourne et Adélaïde, mais nous avons dû parcourir 100 km pour trouver des toilettes!

Notre très court séjour à Melbourne a ravivé notre désir d’y rester plus longtemps. C’est une ville tellement stimulante! Nous vous avons parlé de permaculture, de Coop de réparation de vélos et il semble que nous découvrons une nouvelle activité étonnante chaque jour! Même si nous sommes très occupés ces temps-ci, nous avons trouvé le temps de participer un peu : nous avons entendu parler de « Lentil as Anything », un organisme à but non lucratif qui exploite des restaurants où le client paie ce qu’il peut ou ce qu’il pense que la nourriture et le service valent. Ça semble irréel, n’est-ce pas? La majorité de leurs aliments sont biologiques et vous pouvez prendre de délicieux cafés glacés, du chai, du thé équitable, ainsi de suite. Lentil as Anything aborde l’isolation sociale que vivent les nouveaux itinérants et les gens naturellement isolés de la société. Ils offrent du soutien et de la formation aux réfugiés, aux membres de la communauté jeunes et vieux, qui éprouvent des difficultés à s’adapter à leur nouvel environnement social. Ils exploitent même une cantine scolaire de cette façon! Peut-on être plus EXTRAORDINAIRE que ça? La nourriture est spectaculaire. Tout le monde est beau. Le service est impeccable et il y a toujours de la musique en direct ou des expositions multiculturelles quelconques! Vous pouvez manger avec d’autres gens ou vous installer à une table isolée sur la terrasse. C’était la première fois que j’allais dans un tel endroit où l’on peut choisir la communauté ou l’intimité dans un environnement normal de restaurant. Bravo!!!!

Federation Square est au centre de Melbourne. Les touristes et les résidents s’y promènent, visitent la médiathèque gratuite, les galeries d’art et les expositions gratuites ou profitent de l’accès gratuit à l’Internet sans fil. Après avoir battu le record du monde Guinness du plus grand nombre de personnes déguisées en super-héros dans un même endroit, nous étions pas mal affamés. Habituellement, les stands ambulants de nourriture sont interdits, alors nous étions curieux lorsque nous avons vu d’élégants kiosques mettant en valeur des boîtes en bois contenant des fines herbes. Le personnel portait des chemises au logo de StrEAT et le menu, principalement biologique, était plus qu’invitant. Nous avons découvert que StrEAT est une fantastique initiative pour réduire l’itinérance. Puisque c’est un organisme à but non lucratif, tous les profits vont directement aux refuges et à d’autres formidables services offerts aux sans-abris et cela permet à ces jeunes d’apprendre à exercer un métier qui pourra leur fournir un meilleur avenir. Après avoir acheté notre merveilleuse nourriture à conscience sociale, une jeune fille nous a donné une de ces cartes qui disent « Achetez-en dix, obtenez-en un gratuit » qu’on reçoit souvent dans les aires de restauration. Mais cette fois, il y avait une petite touche bien pensée: « Achetez-en dix, et le onzième ira à un jeune sans-abri ». Franchement, wow!

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Thursday, June 3, 2010

Boobook et Lawrence

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Les dernières aventures datent d’un mois… Laissez-moi vous dessiner quelques-uns des paysages traversés.

Épuisés de chercher en vain un emploi, mais pleins de nos nouvelles amitiés, nous avons quitté Melbourne pour parcourir le célèbre Great Ocean Road tant photographié. Le matin suivant, notre équipage se voit agrémenté d’un « pouceux » français qui nous secoue joyeusement les oreilles de ses expressions jamais pour nous entendues. Les magnifiques 12 Apôtres sont vus sous un ciel orageux; ces piliers qui défient la mer nous semblent plus grands que nature illuminés de gris qui devient argenté sous les passages de soleil spontanés. Ce soir-là, grand rêve réalisé : dormir dans un vieux Winnebago au décor kétaine des années ‘60! Le lendemain encore plus de vagues gigantesques qui se fracassent sur les strates de jaunes et d’ocre des falaises. Les monolithes semblent être des sentinelles postées pour protéger des trésors enfouis depuis des millénaires.

On dit au revoir à Xavier et on lui souhaite bonne chance dans sa traversée du désert sur le pouce. Nous arrivons à Adélaïde chez Anna, amie d’une amie de Melbourne qui a généreusement offert de nous héberger. Pataclan! Amitié subite. Les deux jours passés avec Max, Anna, Nico, Mia, les poulets et le jardin sont inoubliables.

Après plusieurs jours de labeur budgétaire aride dans le froid du nouvel hiver, nous partons enfin pour l’apothéose australienne : le Red Centre, le désert du milieu, le plat, plat, plat loin de toute civilisation. Le Premier Peuple a pourtant une histoire pour chaque semblant de colline, chaque rivière sèche, chaque touffe d’arbre et chaque rocher. Le continent australien est pour eux une immense carte « géophonique », si je peux me permettre de proposer un nouveau terme aux linguistes français. Les aborigènes peuvent retrouver leur chemin le long de « chemins de chansons » appris oralement. Tous les éléments du terrain sont chantés au moment même où l’on s’en approche, les chants se basant sur la vitesse de marche pour savoir combien de vers composer entre chaque relief important. J’aurais bien voulu en apprendre quelques-uns, mais cette culture millénaire est plus que farouche et l’asphalte est une voie trop rapide.

Chaque fois que je me retrouve sur les petites routes, à travers le monde, un bonheur immense m’emplit. Le naturel de l’humain à célébrer son « appartenance » est vraiment fantastique. Les motocyclistes se saluent, les voyageurs au sac à dos se disent bonjour et même, souvent, les gens coiffés de mottons comme moi se sourient. C’est la même chose sur les chemins moins fréquentés : on se sourie et on lève la main de notre volant en guise de fraternité.
Sur les routes des montagnes de roc à gravir, nous avons croisé plusieurs super héros : cyclistes parcourant des milliers de kilomètres désertiques et marcheurs prêts à escalader des falaises pour admirer la beauté de leur pays… et tous bien installés dans la soixantaine. Une bonne leçon pour nous qui nous considérions aventuriers!

Rares wallabies, kangourous surpris, émeus curieux, hiboux protecteurs, chevaux sauvages et TROUPEAUX de chameaux étaient au rendez-vous… Oui oui, ils y a 200 ans les Australiens ont fait appel aux Afghans pour construire la célèbre ligne de chemin de fer reliant Darwin à Adélaïde. Bien adaptés au désert, ces grands mous ont procréé et maintenant, on se croirait dans Lawrence d’Arabie au centre de l’Australie!

Nous avons pris le train de cette ligne et à 22 h 30, dans l’obscurité, sans lumière ni route à des milles à la ronde, une dame est descendue avec sa valise. Au milieu de NULLE PART! Un 4X4 est venu la chercher et ils ont démarré à travers les arbrisseaux. Là, je me sentais bien « Down Under ».

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