Thursday, January 21, 2010

La Croix du Sud dans les yeux

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Les dunes défilent sous nos yeux, « abriés » d’étranges touffes verdoyantes qui se cachent sous les branches tordues des melaleucas. Ces grands arbres médicinaux survivent aux grosses tempêtes année après année en se tordant la tête vers le sol, ce qui crée une canopée aux formes sans cesse changeantes. Mes yeux valsent depuis la fenêtre où ils filtrent le vert abondant jusque vers le devant de la route où je vois passer un émeu ou un wallaby, puis s’accrochent au rétroviseur. À travers celui-ci, j’observe les pattes d’oie qui ornent merveilleusement les yeux bleus de mer du chauffeur. Témoins du soleil australien, des sourires adressés à ses cinq enfants et des maintes vagues parfaites qui ont soulevé sa planche de surf, les pattes d’oie me mettent pour une seconde fois en confiance. Je relaxe, même si je dois m’accrocher pour ne pas m’échouer sur mes voisins lors de cette balade « off road ».

Mick est vraiment « Australien », comme le monde s’imagine après avoir vu Crocodile Dundee. Ses cheveux dorés rehaussent le bronzage permanent qui réussit à cacher sa population immense de taches de rousseur. Sous le soleil, on dirait qu’il brille, par son sourire décontracté et par ses yeux passionnés. Je le croise presque chaque jour et toujours j’ai l’impression de me trouver devant un sage petit gamin de dix ans. Il me pince le flanc ou me fait une blague que je comprends une fois sur deux, comme je suis encore en processus d’apprentissage de l’accent australien. Je crois qu’il possède la clé du bonheur, peut-être même le secret de la jeunesse éternelle.

Mick amène chaque jour des groupes de jeunes « backpackers » découvrir les beautés du Deepwater National Park. Il doit répéter les mêmes trucs chaque semaine, et pourtant, les deux fois où je l’ai accompagné, son intérêt et sa vivacité m’ont semblés renouvelés. Comme je « capote » sur Mère Nature et ses beautés, je l’ai assailli de questions…

Mes meilleurs amis ne sont maintenant nuls autres que… les concombres de mer! Ils émettent une substance qui couvre la surface de leurs petits bassins d’eau et les protègent des rayons UV. De la crème solaire naturelle! Quand ils sont agressés, ils « jutent » une substance blanchâtre qui colle la bouche des prédateurs. Cette substance devient un fil très dur qui me rappelle la babiche. Mick l’a d’ailleurs utilisée pour réparer son harpon, comme l’a probablement fait le Premier Peuple d’Australie. Si on poignarde plusieurs fois un concombre de mer (?!?), il redevient comme neuf après quelques heures seulement. Moi je trouve ça complètement magique!

Après nos visites chez les concombres marins, c’est le temps de se régénérer. On nage dans une rivière où il n’y a personne à part la présence grandiose des melaleucas, une fois de plus. Ici, ils sont dans l’eau et la rendent antiseptique et vraiment bonne pour la peau. Elle a aussi un goût de thé à l’eucalyptus. Je regarde Mick qui m’envoie une rafale d’eau rouge en plein visage, on rit et je suis contente d’être en Australie.

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Wednesday, January 6, 2010

Akin!

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C’est tellement un gros défi de vous parler de nos vies en moins de 500 mots une fois par semaine. Plusieurs personnes que nous rencontrons pourraient faire le sujet de nombreuses pages dédiées à ces êtres merveilleux et plusieurs incidents pourraient être la source d’histoires inspirantes. Bref, me voici, avec un petit coup de soleil après ma première journée de surf, et je vais essayer de parler avec vous de tout et de rien de ma réalité actuelle. À propos, à l’auberge, il y a toujours un film très bruyant qui joue, ce qui rend ma tâche encore plus difficile … Ce soir, c’est Tropic Thunder, et à en juger par le regard absorbé et le rire bruyant de Marc, ça semble être un film assez bon pour célébrer la puissance relaxante de l’écran après une journée passée sous le soleil d’Oz.

Laissez-moi vous présenter plus intimement l’« Écran Plat ». Nos jours et nos soirées sont bercés par son omniprésence, ses sons et images nous hypnotisant pendant quelques secondes, quand, attirés par sa puissance, nous passons devant en allant vaquer à nos excitantes occupations quotidiennes. L’« Écran Plat » voit chaque jour la figure des voyageurs épuisés qui, après plusieurs heures de bus inconfortables, recherchent les cousins moelleux bien mérités d’un sofa. Ce qui rend l’« Écran Plat » vraiment spécial, ce sont les deux maîtres de cérémonie qui semblent habiter son espace électronique. En effet, pratiquement chaque fois qu’un film est placé dans le lecteur de DVD, l’auditoire a la chance de voir ces deux visages familiers : deux hommes portant des complets beiges, affichant des sourires d’info publicité. De chaque coté de l’écran, ils annoncent fièrement que le film qui sera présenté a été joyeusement piraté quelque part dans une ville surpeuplée de Thaïlande. Tous les films viennent aussi avec de charmants sous-titres de style thaïlandais et ont tous l’air d’avoir été filmés durant une nuit brumeuse comme on en trouve en Angleterre. Ou, encore mieux, comme s’ils avaient été tournés par votre tante avec sa camera merdique au dernier Noël. Nous sommes maintenant tellement habitués aux films d’une telle texture que nous ne réalisons même plus qu’ils ont un air différent de la réalité. Je n’aurais jamais cru trouver dérangeant de voir Clint Eastwood dans un film du genre « vidéo maison ». Il avait l’air nu.

Mais le meilleur, c’est quand nos deux gentlemen thaïlandais, ne laissant jamais tomber leur sourire, nous aident à trouver les « sous-titres anglais » dans le menu asiatique hautement coloré du DVD. Avez-vous vu le film Stardust? C’est vraiment un bon film, mais pour nos amis néerlandais, ça avait l’air complètement absurde. Les sous-titres apparaissent et disparaissent, et encore plus intéressant, ils racontent une histoire complètement différente, qu’on dirait tirée d’une mauvaise imitation d’une pièce de Samuel Becket. J’ai tellement ri. Durant tout le film, j’aurais voulu avoir un carnet pour inscrire les atrocités commises par le traducteur. Mais, je ne pouvais pas quitter le sofa, trop accrochée aux prochaines lignes horribles au bas de l’écran. Il y avait entre autres, ce passage où la très belle Claire Danes avoue son amour et le qualifie de tellement puissant qu’il est « unbearable » (insoutenable). Pour « unbearable », on lit « bury vessels » (enterrer les vaisseaux). Et cet autre passage où un prince obtient finalement ce qu’il veut et crie : « I’m King! » (Je suis Roi!). On lit en petites lettres blanches « Akin » (parent de quelqu’un). Pouvez-vous imaginer un film entier comme ça? Mon récit ne semble peut-être pas aussi profond que les précédents, mais certains scientifiques avancent que 5 minutes de rire aux éclats équivalent à environ 45 minutes de profonde relaxation aidant à rajeunir et à vivre plus longtemps. Je dois avoir gagné une année complète juste à regarder ce film. Merci aux films piratés pour la qualité de leur divertissement gratuit!

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