Monday, March 15, 2010

La poésie des Bottle Trees

Read the English translation

Sur les vallons vert tendre, mes yeux se perdent à l’infini. Le soleil brille entre deux pluies et parait raviver une rosée scintillante sur chaque brin d’herbe de l’arrière-pays. Mon regard se réapproprie l’horizon et sautille de chef-d'œuvre en chef d’œuvre, tous bien différents les uns des autres, tous uniques.

Ils m’attirent et me réveillent, m’émerveillent et me rappellent le besoin de célébrer la vie. Ces œuvres d’art naturelles sont pour moi des femmes. Des femmes dans toute la splendeur de leur grande variété de formats, toutes aussi magnifiques les unes que les autres dans leur unicité. Elles sont grandes et longues, petites et rondes, certaines ont la taille fine et des hanches comme des collines et d’autres nous surprennent pas la rondeur de leurs fesses. Il y en a même qui ont l’air de porter la vie. Mais, toutes sans exception lèvent leurs bras vers le ciel, qui semblent nous inviter à danser, à célébrer la beauté dans sa variété. En ce mois hôte de la journée internationale de la femme, en voyant cette manifestation de la nature, j’ai réitéré mon souhait de voir un jour des sociétés où les femmes sont bien dans leur peau peu importe le dessin de leurs courbes.

Je vous décris ma vision un peu romancée des Bottle Trees, espèce d’arbre très similaire en apparence aux baobabs, qui peuple les abords des routes désertes du Central Queensland. Juste à les regarder, je me tortillais dans la voiture tellement l’envie de les joindre dans leur danse toute ronde était forte. Une fois arrêtée dans un village de quelques personnes, souvent niché dans le milieu de je ne sais où, je me déliais les jambes en aidant Marc à monter le campement de fortune pour la nuit.

Par un bel après-midi doré et silencieux, quelle ne fut pas notre surprise de voir apparaître un petit homme, tout droit sorti des bois où, nous croyions, vivaient seulement les wallabies, kangourous et wombats. Il marche d’un pas décisif, mais saccadé, ses yeux bleus rivés sur Marc qui s’apprête à devenir « bush mechanic » d’un jour. Richard s’est établi en Australie en 1959 et n’est jamais retourné en Pologne, son pays natal. Il a par contre construit son propre grand voilier dans la baie de Sydney et est parti vivre en Papouasie Nouvelle-Guinée et en Indonésie pour à peu près 10 ans. Dans les années soixante, les îles étaient encore des paradis presque intouchés par l’empreinte occidentale. À travers ses vieilles photos, nous avons vu des tribus danser et des jeunes filles poser, un sourire coquin en coin, bien sur dédié au nomade polonais-australien. Richard nous a partagé ses 73 ans de vie en une seule matinée, avec une simplicité désarmante qui nous a réchauffé le cœur pendant que la pluie refroidissait le continent une fois de plus. Assis à travers toutes ses breloques accumulées au fil de ses vingt ans perdus dans le bush, dans sa maison à l’odeur d’humidité, nous lui avons offert de la compagnie comme il en reçoit rarement. En nous montrant fièrement les arbres fruitiers et les jardins qu’il a plantés, Richard a dit : « I like seeing things grow ». Et bien, avec ce que j’ai connu de lui en un matin, je suis sûre qu’il aurait été un bon grand-papa.

See HIS view
See His and Hers Pictures



No comments:

Post a Comment