Tuesday, February 23, 2010

Le marécage de l’éternelle puanteur

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Le gobelin au très gros nez guide la jeune fille dans le marécage sale et boueux. Les eaux vaseuses éructent des gaz nauséabonds, ce qui rend l’expédition de sauvetage du bébé très difficile…

Vous me suivez?

Le marécage de l’éternelle puanteur n’est pas un produit de mon imagination : il existe dans Labyrinthe, le film de Jim Henson mettant en vedette David Bowie en affreux collants de couleur pastel. Bon, maintenant, vous vous demandez où je veux en venir avec ça.

Dans la forêt tropicale humide, l’eau est limpide comme du cristal et voyage souvent dans de grandes cascades qui dévalent les falaises. Les montagnes ressemblent à des champs d’émeraude, leurs cimes lointaines couronnées de nuages légers et laiteux. Il n’y a certainement pas de marécage qui éructe et je n’ai pas aperçu de gobelins, même si j’ai rencontré beaucoup de leurs magnifiques compagnons tels les papillons bleu métallique et les minuscules martins-pêcheurs violet et orange. Mais après quatre jours vécus à l’extérieur dans le Paradis, durant la très puissante saison des pluies, je me sentais un peu comme quelqu’un qui aurait essayé de survivre au marécage de l’éternelle puanteur.

Tous les rares effets que j’avais laissés à l’extérieur, les plantes, le chien, mes cheveux, mes chaussures, le chapeau de Marc et mon corps tout entier ont commencé à moisir. Parce que, vous voyez, il pleut chaque jour, sans arrêt. De plus, même si vous sentez la moisissure, il faut quitter la canopée dense pour voir la couche de velours bleue qui couvre votre glacière, vos shorts, vos bas et vos sous-vêtements. La forêt tropicale humide est si dense que vous passez la presque totalité de votre temps sous une lumière qui émule les teintes dont la brunante peint le ciel. Je ne le croyais pas mais, même mon imperméable Patagonia, à la fine pointe de la technologie, était moisi. J’ai dû le faire tremper dans le vinaigre.

Néanmoins, la forêt tropicale HUMIDE est magnifique à couper le souffle, luminescente sous le millier de gouttelettes de pluie qui nourrissent le sol pendant quelques mois. Chaque feuille, de la petite feuille du bouleau au gigantesque « éventail » du palmier, étincelle comme un feu d’artifice sur un lac brumeux.

Quand vous vivez et participez au WWOOF (Programme World Wide Opportunities on Organic Farms) au « Platypus Bush Camp », vous finissez par envier vos amis les ornithorynques de la rivière, car ils ont une excellente protection contre l’humidité … Et cela vous fait apprécier le plus simple des conforts : une chose que l’on nomme « intérieur ». Depuis que nous avons commencé notre périple en Australie, Marc et moi avons vécu dans l’automobile pendant environ un mois, puis dans une petite tente pendant deux mois. À la fin de cette aventure dans la jungle, je réalise, encore une fois, combien il est merveilleux de CHOISIR sciemment de réduire son niveau de confort. Cela vous fait tellement plus apprécier les petits détails. Je suis extrêmement heureuse rien qu’à sentir des vêtements fraîchement lavés, des draps propres contre ma peau, à l’idée d’un lit et à l’odeur d’un bon thé. Je n’arrive même pas à décrire le bonheur de trouver un sofa douillet pour m’y étendre …

J’ai toujours cru que le bonheur était tissé des petites choses de la vie. Bien sûr, j’y ajouterais la splendeur des êtres aimés, qui seraient les perles incrustées dans le tissu, le rendant éternel, puisque les perles ne disparaissent pas avec le temps. En plus, elles apportent un éventail de couleurs irisées qui soutiennent nos humeurs et nos espoirs renouvelés …
Merci d’être là!

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